L'utilisation des écrans pour les jeunes enfants est un sujet qui suscite de nombreux débats et préoccupations. Les écrans tels que les téléphones portables, les tablettes et les télévisions sont devenus omniprésents dans notre société moderne, et de plus en plus de jeunes enfants y sont exposés dès leur plus jeune âge.
Bien que les écrans puissent offrir des avantages éducatifs et divertissants, il existe également des préoccupations quant à leurs effets sur le développement et la santé des enfants...
Législation : quid de la France ?
En ce qui concerne la législation, il existe des pays où aucune recommandation n'est formulée concernant le temps passé devant les écrans et les contenus diffusés pour les jeunes enfants.
En France, il n'y a pas d'interdiction légale concernant les écrans, mais les autorités recommandent tout de même de les ne pas montrer d'écran avant l'âge de 3 ans.
Cependant, en comparaison avec d'autres pays similaires sur le plan culturel, la recommandation est assez stricte.
Faisons le point !
Comment cela se passe-t-il dans d'autres pays ?
Certains pays se montrent plus modérés que la France en ce qui concerne les recommandations sur les écrans. C'est le cas de l'Allemagne, du Royaume-Uni, de l'Australie, de l'Espagne ou des États-Unis.
Voici ce qui nous différencie d'eux :
Royaume-Uni : pas de recommandation d'âge minimum, mais une recommandation de limiter à 2 heures d'écran maximum par jour (passif ou actif). (Ce qui de mon point de vue de professionnelle est vraiment trop pour un jeune enfant)
États-Unis : pas avant 18 mois (source : American Academy of Pediatrics (AAP)).
Australie et Espagne : pas avant 2 ans.
Allemagne : pas de recommandation d'âge minimum, idéalement pas avant 3 ans, mais une durée maximale de 30 minutes par jour.
Côté organisations internationales
L'UNICEF, tout comme l'OMS, recommande un âge minimum de 2 ans.
Conseil : avant 18 mois, essayez idéalement de ne pas dépasser une durée quotidienne maximale de 20 minutes d'écran. De mon point de vue c'est la recommandation la plus raisonnable et adaptée.
Les études sur le sujet :
Plusieurs études ont été menées sur le sujet, nous retiendrons ici l'étude Elfe.
L'étude Elfe a montré que les écrans pouvaient nuire au développement du langage et entraîner des troubles du comportement, du sommeil, ainsi que des problèmes de surpoids :
augmentation du grignotage ;
moins d'activités physiques ;
consommation alimentaire plus importante en étant moins concentré sur les repas.
Cependant, il convient de nuancer ces résultats et de ne pas les généraliser. En effet, l'étude Elfe porte sur des enfants de moins de 3 ans regardant des écrans tous les jours, pendant au moins 2 heures, voire plus. Il est donc difficile d'être objectif quant à l'impact des écrans dans d'autres contextes.
Restons cohérents avec notre contexte et notre environnement
L'utilisation des écrans dans notre environnement (pour le travail, la communication par visio, etc.) est de plus en plus fréquente. Il serait donc incohérent de l'interdire strictement. Les générations futures de nos enfants y seront certainement confrontées à court terme.
Nous ne pouvons donc pas donner de directives dans un sens ou dans l'autre, car tout dépend de l'environnement dans lequel nous vivons. Il serait incohérent d'interdire l'utilisation des écrans à nos enfants si nous les utilisons massivement, par exemple dans le cadre du travail.
Alors vigilance, il est important d’être attentif en tant que parent sur l’utilisation que nous faisons des écrans, surtout devant nos enfants. Un enfant va reproduire par mimétisme l’exemple de ses parents, et ne comprendra pas pourquoi les écrans (TV, smartphones, tablettes) lui sont interdits alors que vous les utilisez souvent devant eux.
Remarque : Ne nous jugeons pas les uns les autres quant à l'utilisation des écrans avec nos enfants. Nous n'avons pas tous le même mode de garde ni le même rythme professionnel, qui peut être plus ou moins intense...
Quelques outils et astuces
Avant 18-24 mois, il existe de nombreuses alternatives aux écrans.
En voici quelques-unes :
Les boîtes à histoires :
Pour remplacer l'utilisation systématique des écrans, il existe des alternatives telles que les boîtes à histoires, qui ne nécessitent pas d'écran. Certaines sont musicales, d'autres émettent des bruits d'animaux ou racontent des histoires.
Voici une petite sélection :
Mon Petit Morphée
Conteuse JOYEUSE
Les quiet books :
Il s'agit de livres avec de nombreuses activités à manipuler, tourner, appuyer, ranger, qui permettent à l'enfant de s'occuper et de développer sa motricité fine.
Les bouteilles sensorielles
Ce sont des bouteilles contenant différentes couleurs, des paillettes, des billes, etc., que l'enfant peut retourner, faire rouler, secouer. Elles peuvent également avoir un effet apaisant sur les émotions de l'enfant en cas de frustration ou de colère.
Une cuisine ou un placard dédié
Si vous avez la place, vous pouvez proposer à votre enfant de partager à côté de vous, une activité cuisine dans une mini cuisine ou plus simplement dédier un placard avec des boîtes de transvasement, des ustensiles de cuisine sans risque que pourra manipuler l’enfant pendant que vous cuisinez : vous pouvez ainsi réaliser le repas pendant que l’enfant est occupé et proche de vous.
En manque d’idées ?
Votre enfant est chez une assistante maternelle ou en crèche, sollicitez les pour avoir des idées d’activités faciles à faire en matériel de récup' (boîte d’œufs vides à remplir de petite balles, etc…).
Quels contenus pour les petits ?
Sur les contenus adaptés pour les enfants, il est conseillé des vidéos douces et calmes, racontant des histoires simples à comprendre, pour laisser le temps à l’enfant de bien assimiler ce qu’il regarde (contrairement aux publicités qui, même vues ou entendues de manières passives, peuvent avoir un impact.)
Sélection de contenus
Voici une petite sélection de contenus que vous pourrez faire découvrir et partager avec vos enfants.
Caillou (en DVD)
Petits épisodes de situations de la vie quotidienne d’un petit garçon (Caillou)
- Caillou va au parc
- Caillou ne veux pas prêter ses jouets
- Etc…
Puffin Rock
Disponible sur Netflix, c’est l’histoire de petits macareux vivant sur une île, que l’on retrouve dans leurs aventures.
Les Octonauts
Suivez les aventures des octonauts à travers leurs missions dans divers environnement (terre, mer).
La baleine et l'escargote, film moyen métrage.
C’est l’histoire d’une petite escargote de mer qui s’ennuie sur le rocher d’un vieux port et rêve de parcourir le monde. Un jour, une grande baleine à bosse lui propose de l’emmener en voyage à travers les océans du globe. Cette amitié insolite nous plonge dans une odyssée fabuleuse au cœur de la nature, de l’infiniment petit à l’infiniment grand.
La boite à question des Storybots
Disponible sur Netflix, ce sont des épisodes de 25-30 min qui répondent aux interrogations des enfants (la provenance des planètes, le fonctionnement des téléphones portables, comment faire de la musique, etc…).
Un conseil : pour les moins de 3 ans, privilégiez un nombre maximum de 2-3 dessins animés différents. Restreindre la nouveauté afin que les enfants puissent bien intégrer l’histoire, les personnages, car cela peut créer et générer de la sur-stimulation.
Le cadre
Comme pour de nombreux aspects de la parentalité, il est important d'établir des règles et de les anticiper autant que possible en ce qui concerne l'utilisation des écrans.
Voici quelques conseils faciles à appliquer :
Définir une durée (utilisation d'un minuteur, d'un sablier, etc.).
Sélectionner des épisodes en fonction du temps imparti (avant les repas, pendant les pauses, etc.) pour éviter de couper un film en plein milieu et créer une frustration.
Privilégier les épisodes plus longs ou les films pour les enfants plus âgés.
Les enfants n'ont pas encore de notion du temps, donc faites quelques apparitions pendant le dessin animé pour lui indiquer l'avancement de la vidéo sur la barre de temps de l'épisode, afin de le préparer à la fin : "Nous sommes à la moitié de l'épisode", "Il reste 5 minutes avant la fin". Ce principe est similaire à celui utilisé lors d'une sortie à la ludothèque ou à la bibliothèque, où vous prévenez 10 minutes avant et quelques minutes avant de partir, afin de donner une certaine notion du temps à l'enfant.
Essayez de regarder les dessins animés avec votre enfant, surtout la première fois, et engagez-vous dans des interactions avec lui en lui posant des questions sur le dessin-animé.
Vous pouvez leur demander de raconter l'histoire ou de nommer les émotions (peur, joie, tristesse) afin d'éviter certains contenus et de ne pas laisser l'enfant y faire face seul.
Assurez-vous que votre enfant est actif et non hypnotisé ou passif devant le dessin animé (s'il réagit aux moments drôles, cela signifie que le dessin animé est adapté).
Éviter de ritualiser l’utilisation d’écran (après le goûter un petit dessin animé) et bien expliquer à l’enfant qu’il s’agit d’une activité dispensable qui aurait très bien pu être remplacée par un coloriage, un jeu de société, de la pâte à modeler, etc.
Expliquer l’arrêt.
Proposez une alternative, une nouvelle activité (puzzle, lecture d'une histoire, jeu) et expliquez que les écrans peuvent fatiguer les yeux et qu'il est temps de faire autre chose.
Quels moments éviter ?
Dès le réveil
Évitez les premières minutes après le lever dans l’idéal, où l’enfant a besoin de s’éveiller, et où il va absorber énormément d’informations sachant qu’il y a souvent beaucoup de choses à faire et à préparer le matin (déjeuner, s’habiller, faire sa toilette, etc.).
Avant les moments de sommeil
Évitez également les écrans avant la sieste ou avant le coucher, car la luminosité peut avoir un impact sur la sécrétion de mélatonine, qui facilite l’endormissement. Pendant les repas, limitez dans la mesure du possible la présence d’écran pendant les temps de repas.
Remarque : En cas de situations exceptionnelles, si vos enfants regardent une vidéo pendant ces moments, ne vous sentez pas coupable. Une longue journée pluvieuse peut rendre l'ambiance électrique, une petite pause peut vous faire du bien, pour reprendre vos forces et rester patients. Votre enfant est malade, il n'a presque rien mangé depuis plusieurs jours et vous lui donnez à manger devant un dessin-animé, vous êtes un bon parent.
Quelques questions à se poser :
Y a-t-il autre chose que des dessins animés pour interagir avec les écrans ?
Il existe des applications pour enfants qui permettent l'interaction, des petits jeux avec des personnages comme Pepi Bath. Le jeu consiste à s'occuper d'un enfant en lui faisant prendre un bain ou en lavant son linge. Cela ne remplace pas les apprentissages concrets qui sont à privilégier.
Que se passe-t-il lorsque des adultes regardent des écrans dans la même pièce ? Est-ce que cela affecte les enfants ?
Oui, cela peut les affecter, car les programmes ne sont pas adaptés aux tout-petits :
Affichage rapide d'images souvent inadaptées à leur âge (journal télévisé, publicités...) ;
Utilisation d'un langage non adapté aux enfants et parfois peu structuré ;
Perturbation de la concentration et de l'attention de l'enfant.
Remarque : Soyez vigilant, car cela compte comme du temps d'écran et peut avoir des conséquences.
Comment gérer les écrans avec des enfants d'âges différents ?
Vous pouvez décaler les temps d'écran en fonction des moments de sommeil des plus petits, en les regardant dans une pièce différente, ou en proposant aux plus jeunes de regarder des dessins animés adaptés à leur âge lorsque des enfants plus âgés sont présents.
Pour conclure
Regarder un dessin animé ou un film fait partie des plaisirs de la vie, mais il est important pour le développement de l’enfant de limiter les écrans avant un certain âge.
Essayez de respecter la durée de 24 mois minimum avant de proposer la visualisation d’un contenu à vos enfants, sur des temps courts.
Et n’hésitez pas à échanger avec vos enfants pendant ces moments, afin de les rendre enrichissants, plutôt que de les laisser passifs / « hypnotisés » devant le dessin animé.
Gardez à l’esprit que, comme pour l’essentiel des choix de votre parentalité, tout est une question de modération et d’équilibre.
Contenu créé en collaboration avec l'application Babypouss.
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